Micro-entreprise, l’exception francilienne

Porté par 4 secteurs clés, le régime de micro-entrepreneur progresse en Ile-de-France, et se replie en province

Le nouvel Economiste Le nouvel Economiste | Publié le 19 octobre 2017
Micro-entreprise, l’exception francilienne

Par Lucas HoffetAnnonce légale dans Le nouvel Economiste

La conjoncture économique en Ile-de-France montre des signes encourageants de bonne santé. L’un d’eux, la création d’entreprises, retrouve même des sommets qu’il n’avait plus atteints depuis cinq ans. Autre signe intéressant, celui de la création de micro-entreprises, nom d’un nouveau statut né du rapprochement des régimes fiscaux de l’auto-entrepreneur et celui du micro-social. Virage amorcé en 2014, il doit se mettre en place progressivement jusqu’en 2020, pour trois objectifs. Il s’agissait en premier lieu, de faciliter “la façon d’entreprendre”, en simplifiant les déclarations fiscales et sociales des travailleurs indépendants. Le but était aussi de lutter contre le travail dissimulé. Enfin, ce nouvel outil devait servir, avec d’autres, à créer de la croissance et lutter contre le chômage en permettant aux inactifs et demandeurs d’emploi l’accès au statut d’entrepreneur. Point dont le succès n’est jusque-là pas démontré.

Cet été, le Ceser (Conseil économique social environnemental régional) a publié une note de conjoncture sur ce statut particulier et son développement en Ile-de-France.

Dynamique régionale contre recul national

À partir des chiffres compilés par l’Insee et l’observatoire économique de la Chambre de commerce (Crocis), il ressort que parmi les 162 000 entreprises qui ont été créées en Ile-de-France en 2016, 47 % étaient des micro-entreprises. “Le nombre d’immatriculations de micro-entrepreneurs progresse de 13,8 % en Ile-de-France en 2016”, relève la note du Ceser. Mais si cette tendance se vérifie en Ile-de-France, il n’en va pas de même pour le reste du territoire, où le nombre d’immatriculation de micro-entreprises a reculé de 6,1 %.

Cet écart s’explique par le dynamisme de la région capitale, dans quatre secteurs en particuliers : commerce, transport, hébergement et restauration, qui totalisent 35 % de la création totale des micro-entreprises. Ainsi l’essor des plateformes VTC (Uber ou chauffeur privé) ou la démocratisation des livraisons de repas à domiciles (Deliveroo), a porté cette dynamique.

“Le nombre d’immatriculations de micro-entrepreneurs progresse de 13,8 % en Ile-de-France en 2016”, il n’en va pas de même pour le reste du territoire, où le nombre d’immatriculation de micro-entreprises a reculé de 6,1 %”

Tous types d’entreprises confondus, près d’un tiers de l’ensemble des créations franciliennes sont dans les secteurs du commerce, du transport, de l’hébergement et de la restauration, avec 23,8 % de créations de plus qu’en 2015 dans ces secteurs. Le secteur du transport est un segment très dynamique en raison notamment de la libéralisation du transport par autocar et du développement des VTC. Les activités de poste et de courrier, en particulier de livraison à domicile, font également partie des activités porteuses, mais précaires.

D’ailleurs, comme les autres créateurs d’entreprises classiques, les micro-entrepreneurs disent ne bénéficier que de trop peu d’aides extérieures. D’après une étude du Crocis, deux tiers d’entre eux ont monté seul leurs projets. En outre, les moyens financiers “engagés lors de la création sont très faibles, voire nuls pour la majorité des auto-entrepreneurs franciliens : 59 % n’ont rien investi pour monter leur projet, contre 50 % au niveau national”. En Ile-de-France, moins d’un sur dix a investi 4 000 euros ou plus dans son projet. En cause, la complexité des démarches et la difficulté d’accès à l’information. Or, le principal besoin d’un entrepreneur qui démarre, c’est d’être accompagné pour stabiliser son modèle économique et améliorer ses chances de survie.

Consciente de cet aspect, Valérie Pécresse, présidente de la région, qui souhaite en faire un territoire pro-entreprises, a dévoilé une série de mesures pour accompagner l’entrepreneuriat. Une enquête commandée par la région a montré qu’en dépit des montants déjà accordés, l’aide régionale n’est “pas visible et totalement méconnue des bénéficiaires finaux ; et ce, avec une gestion opérationnelle d’une extrême lourdeur”. Au travers de simplifications des offres et de meilleurs ciblages, la région espère ainsi “rendre l’entrepreneuriat accessible à ceux qui en sont jusqu’à présent tenus écartés, en raison de leur genre ou de l’endroit où ils vivent”.

“L’aide régionale n’est “pas visible et totalement méconnue des bénéficiaires finaux ; et ce, avec une gestion opérationnelle d’une extrême lourdeur””

Pourtant, si le statut d’auto-entrepreneur puis celui de micro-entrepreneur semblent avoir rempli leur mission de facilitateur d’accès à la vie entrepreneuriale, le succès sur le front du chômage ne semble pas avéré en Ile-de-France. Près d’un tiers des auto et micro-entrepreuneurs ne déclarait pas de revenus en 2015. Ils sont également nombreux à conserver une activité annexe.

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